

La mouna, retour sur une tradition, et aux sources.
J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Pâques ! Chez nous, pas de chocolats, mais comme chaque année la traditionnelle mouna aux saveurs d’agrumes, qui a embaumée la maison. Elle fait partie de la cuisine pied-noir.
La Mouna reste dans mes souvenirs, un vrai moment de convivialité et de déjeuner partagé en famille.
Cette « brioche » qui n’est pas une brioche, d’origine espagnole, a été importée par les pieds noirs espagnols à Oran.
La mouna est synonyme de partage. Elle ne s’achetait pas, elle était faite traditionnellement par la mère de famille. Et elle s’offrait aux personnes présentes lors des réunions familiales ou d’amis.
C’est pourquoi, chaque week-end de Pâques, je la fais, à la main. Alors, oui, c’est long. Il y a la préparation du levain, les oranges et le ou les citrons à zester, puis le repos de la pâte toute une nuit. Ensuite, seulement, on dégaze, et on laisse encore reposer les boules que l’on a confectionnées.
Pour les enfants, après avoir entaillé en forme de croix le dessus de chaque « brioche », la tradition voulait qu’on mette un œuf entier avec sa coquille au milieu de la pâte avant d’enfourner. Pour ma part, j’entaille seulement, et elles cuisent, 1h-1h30 à une douce température.
Elles se congèlent très bien, et cela me permet de les partager plus tard, avec ma famille et mes amis.
Les mounas se préparent donc avec beaucoup de patience et d’amour, et sont délicieuses avec une tasse de thé ou de café !
L’importance de la mouna était telle que Marc Baroli a écrit :
« Pâques est seulement la veille de la Mouna » et que « faire la mouna » est devenu synonyme de « piqueniquer à Pâques ».
Elle est entrée et dégustée dans le midi de la France, dans les années 1960, avec le rapatriement des Pieds-Noirs.
La mouna était donc notre dessert de Pâques, et pour l’apéro, on se jetait sur la calentica (ou calentita), que ma grand-mère sortait à peine du four, bien saupoudrée de cumin. La calentica est réalisée avec de la farine de pois chiche. Elle est ferme au fond et crémeuse sur le dessus. Et, pour elle aussi, il lui faut une nuit de repos !
Et je vous laisse avec quelques photos d’archive, Pâques 1984, chez mes grands-parents, à Montpellier.
C’est le moment où nous aimions nous retrouver, au printemps.
La coutume était d’étrenner, également, des vêtements neufs, on disait que cela portait bonheur.





